Prix de l'essence en hausse : ce que dit le gouvernement

Si vous êtes un usager de la route, vous avez sans doute constaté une hausse du prix des carburants depuis le mois de mars 2022. Deux questions sont alors sur toutes les lèvres : pourquoi une telle augmentation ? Que dit et surtout que fait le gouvernement pour répondre à cette augmentation ?

 

Une explosion du prix de l'énergie

 

Depuis le mois de mars, le prix de l'essence en France fait un yo-yo permanent avec des prix exorbitants. Le 1er février, le diesel était à un prix moyen de 1,709 € le litre. Il a subi une constante augmentation à partir du 1er mars jusqu'à un pic le 10 mars à 2,246 €. Le mois de mars est ensuite marqué par une phase de petite redescente puis de remontée pour se fixer à 2,134 € le 29 mars 2022. Avec une redescente conséquente au 1er avril, le diesel était à 1,901 € pour 1,906 € aujourd'hui. Il en va de globalement de même pour le sans-plomb 95 et le sans-plomb 98 qui ont connu une redescente à 1,854 € et 1,89 € le 1er avril, avant de connaître de nouveau une augmentation jusqu'à aujourd'hui pour se fixer à 1,906 € et 1,96 €. (1)

 

Pourquoi une telle augmentation ? Cette dernière a commencé lors du déclenchement du conflit en Ukraine. Le prix est composé de taxes et de coûts de production et de transport. Hors, comme les prix actuels ne dépendent pas du prix d'achat du pétrole brut actuel, l'augmentation n'est pas directement liée au conflit via le pétrole brut.

 

C'est un billet de la Banque de France sur la transmission des prix du pétrole sur le prix de l'essence qui nous explique la raison. Elle met en lumière une latence d'environ une semaine d'une augmentation du prix du pétrole brut sur les chiffres dans les pompes. En somme, si le prix du pétrole brut augmente, le prix dans les pompes n'augmentera qu'une semaine après. (2)

 

L'augmentation quasiment dans la journée de l'essence dans les pompes trouve raison dans le marché d'achat de pétrole. Ce sont les stations qui achètent du pétrole raffiné qui ont « paniqué ». Comme elles ont vu le prix du pétrole brut monté à cause du conflit, elles se sont projetées une semaine plus tard avec une future augmentation. Dans ce sens, elles ont acheté en masse le pétrole déjà raffiné et à disposition. Avec une augmentation de la demande, ce pétrole a explosé en prix.

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La « remise carburant » comme réponse du gouvernement

 

Au regard de l’inflation des prix de l’énergie, le gouvernement a réagi très vite en mettant en place cette remise  publiée par décret le 26 mars 2022. C'est Jean Castex qui avait annoncé qu'une « remise de 15 centimes par litre sera appliquée dès le 1er avril pour une durée de 4 mois. »

 

Le gouvernement a aussi joué la stratégie de l'effort commun. Le Premier ministre a rappelé que ce moyen offrait un avantage indéniable, car « si l'État fait un effort de 15 centimes au litre, et que (les pétroliers et les distributeurs) font par exemple un effort de 5 centimes, c'est bien 20 centimes qui doivent se retrouver dans la poche des Français. » (3)

 Cette remise offre alors un prix carburant brut avant la remise et un prix carburant gouvernement que chacun paie alors que le gouvernement rembourse la différence aux pompes et aux producteurs.

Avec cette remise, le gouvernement a fait le choix de la simplicité et de la rapidité en optant pour une remise et non une baisse des taxes. Jean Castex l'a justifié car pour une baisse des taxes, « il faut faire une loi et cela prend plus de temps » et que « moins taxer une energie polluante est anti écologique. »

 

En détails, le décret apporte diverses précisions comme :

 

- Les carburants concernés : « gazole, gazole de pêche, gazole non routier, essences, GPL, gaz naturel véhicule, super éthanol, éthanol diesel » ;

 

- La remise par type d'énergie de « 0,15 euros hors taxes par litres pour les essences, de 15 euros par MWh pour les gaz naturels carburants et de 29,13 euros pour 100 kg nets de GPL. » (4)

 

Dans cette lignée, le coût de l'essence a bien diminué depuis le 1er avril grâce à cette remise, mais tend à remonter depuis le début du mois de mai.

 

L'embargo petrole russe comme deuxième lame d'augmentation des prix ?

 

Tout comme les USA dès le début du conflit, un projet d'embargo européen sur le pétrole russe est en cours. Alors que la remise carburant avait quelque peu diminuée puis stabilisée le prix de l'énergie au moins avec des valeurs moindres que le pic du 10 mars, la coupure avec le pétrole russe peut-elle de nouveau mettre en danger les prix ?

 

Au regard des chiffres de dépendance face au pétrole russe, les prix devraient en effet augmenter. Ce sont 12 % de pétrole brut et 25 % de gazole qui viennent de Russie en France. Cette hausse prévue est confirmée par le président de l'Ufip qui annonce que le pétrole va « coûter plus cher. »

 

De plus, le gouvernement via la ministre de la transition écologique ne nie pas une augmentation potentielle, mais préfère rassurer sur deux éléments. D'une part, il n'y a aucun risque de pénurie car des alternatives existent comme le Moyen-Orient ou l'Inde. D'autre part, en cas d'augmentation, le prolongement de la remise carburant est envisageable ou via une autre aide mais que « de toute façon on ne laissera pas nos concitoyens sans solution. » (Barbara Pompili, ministere transition ecologique) (5)