Fin du moteur thermique en Europe : et les autres ?

 
 

En juin 2022, le Parlement européen a entériné la fin des moteurs thermiques au sein de l’Union européenne d’ici à 2035. Toutefois, que signifie vraiment cette interdiction ? Si l’UE semble faire un bon de géant vers la transition écologique automobile, qu’en est-il pour le reste du monde ? Nous vous proposons un panorama de la situation pour comprendre réellement les changements de demain.



L’interdiction des véhicules thermiques dans l’Union européenne



Il peut être assez difficile de trouver le véritable contenu de cette décision du Parlement européen. Certains sites internet clament que d'ici à 2035, il ne sera plus possible ni de vendre ni d’acheter un véhicule thermique ou hybride. C’est totalement faux ! L’interdiction ne concerne que l’achat de véhicules thermiques neufs. La revente des occasions sur le parc européen ne sera absolument pas proscrite, d’autant que ce marché représente, à l’échelle européenne, 300 millions de voitures.


Naturellement, tous les véhicules neufs à moteur thermique sont concernés par cette interdiction, qu’ils consomment du gazole, de l’essence ou du biocarburant. Même les voitures hybrides ne pourraient plus sortir des usines en 2035. Sur ce point, la France aimerait obtenir un assouplissement, mais ce n’est pas gagné. Le marché du neuf en UE devrait être en conséquence 100 % électrique.



Les pays européens hors UE



La Norvège ne fait pas partie de l’Union européenne. Toutefois, le pays a pris l’initiative d’interdire la commercialisation des véhicules à moteur thermique dès 2025. Oslo souhaite que toutes les voitures neuves soient 0 émission de carbone, donc soit électrique, soit hydrogène. Il s’agit d’une décision assez étonnante de la part des Norvégiens dont la patrie est l’un des plus gros producteurs d’hydrocarbures en Europe.


Pour le Royaume-Uni, l’interdiction de la vente de véhicules neufs essence et diesel sera effective en 2030. Le Gouvernement britannique table sur une révolution industrielle verte qui générerait beaucoup d’emplois pour le pays. L’Islande ambitionne également un objectif de 2030 pour cesser d’importer des voitures thermiques.




Les autres pays à travers le monde



Pour Israël, l’objectif est de stopper l’importation des véhicules thermiques d'ici à 2030. L’interdiction concernera aussi les utilitaires. Le pays souhaite impulser une politique favorable au développement des voitures électriques et au déploiement des bornes de recharge. Toutefois, derrière cette bonne volonté apparente se cache un autre enjeu que la transition écologique. Il s’agit pour Israël de conquérir son indépendance par rapport au pétrole du Moyen-Orient. Un enjeu stratégique primordial pour l’État hébraïque qui compte bien réduire les taxes sur les véhicules électriques afin d’augmenter leur attrait pour les populations.


Singapour est une petite île où la dynamique économique impose une occupation optimisée de l’espace. Hors de question pour les politiques de céder du terrain aux bornes de recharge. Le modèle défendu par Elon Musk, fondateur de Tesla, n’est pas à la hauteur des ambitions climatiques de Singapour qui préfère miser sur le déploiement des véhicules à motorisation hydrogène. Aucun calendrier précis n’est établi à ce jour.


Quant au Sri Lanka, le Gouvernement vise le retrait de tous les véhicules diesel et essence de la circulation pour 2040. D'ailleurs, le constructeur sri lankais Vega Innovations s’est lancé dans le développement de la voiture électrique avec son prototype de 900 chevaux. Un premier pas vers l’autonomie ? La Nouvelle-Zélande se positionne aussi sur l’année 2040 pour l’interdiction des moteurs thermiques.


Le Costa Rica est très impliqué dans la protection de l’environnement. Le pays ambitionne de stopper la vente de voitures neuves thermiques à l’horizon 2050. C’est le seul pays du continent américain à avoir posé un objectif concret à ce jour, avec le Canada. Le Costa Rica a revêtu un rôle de pionnier dans la lutte contre le changement climatique et la protection de la biodiversité.


Enfin, le Canada a inclus dans son dernier plan de réduction des émissions de gaz, un programme visant à interdire la vente de voitures thermiques pour 2035. Le Gouvernement canadien a décidé d’accompagner les constructeurs automobiles afin de les aider à atteindre cet objectif. L’État compte encore déployer des aides conséquentes pour aider les conducteurs à acheter des voitures électriques.



Des engagements forts sont pris par des pays comme le Canada, le Costa Rica ou encore Singapour. La décision du Parlement européen, en juin dernier, devrait donc être saluée dans une perspective positive pour l’environnement. Toutefois, malgré cette décision prise par les parlementaires, de nombreux pays de l’UE commencent déjà à faire sécession. L’Italie souhaite un report de l’application à 2040. Elle est soutenue par le Portugal, la Bulgarie et la Roumanie. Quant à l’Allemagne, elle subit les pressions de ses constructeurs nationaux et souhaite un allégement. En somme, la partie n’est pas gagnée.